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LES PERSPECTIVES MARITIMES DE L'EOLIEN OFFSHORE A L'HORIZON 2050


Tout cela est-il bien raisonnable ?

Jean-Louis REMOUIT avec la participation de Bruno Ladsous


Le déploiement de l'éolien en mer a pour sources juridiques d’une part l’arrêté PPE qui en application de la Loi Energie Climat du 8 novembre 2019 chiffre des capacitaires exprimés en GW et les appels d’offres correspondants, d’autre part des textes décentralisés (SRADDET des régions ayant une façade maritime) ou déconcentrés (DSF : Documents Stratégiques de Façade maritime).

D’une manière plus souterraine, ces programmes reposent sur le fonctionnement de différentes organisations :

- des organisations privées : FEE (France Energie Eolienne www.fee.asso.fr), WindEurope (www.windeurope.org voir en Annexe 1)

- des officines telles que l’OFATE (Office Franco-Allemand pour la Transition Energétique)

- ou encore une agence publique : l'ADEME (Agence de l'Environnement pour la Maîtrise de l'Energie www.ademe.fr )


Le 22 janvier 2020, le Président de Wind Europe, Giles Dickson, se disant mandaté par l’Union européenne, a participé à un colloque « éolien et pêcheries en mer » à Bruxelles, y exprimant sa vision du potentiel éolien maritime pour 2050.

Et sa vision est inquiétante, qu’on en juge : WindEurope évalue en effet la puissance à installer sur le littoral français à 57 GW alors que l'ADEME, dans son rapport de 2017, évalue la puissance installable à 30 GW ( https://ademe.typepad.fr/files/guide_ademe_energie_eolienne.pdf). La vision de la Commission européenne, assise sur les recommandations de WindEurope, se situe au double des capacités estimées du littoral français par l'ADEME.

Le plan de Wind Europe pour 2050


Après avoir présenté sa vision des lieux les plus propices :

il a donné en exemple le plan de déploiement au large des côtes belges :

Pour la France, cette organisation envisage d’installer 57 GW en 2050 soit 7600 éoliennes d'une puissance nominale de 7,5 MW

Nota : la puissance nominale des éoliennes en mer s'accroît régulièrement, avec pour contrepartie technique, compte tenu de longueurs de balayage des pales également croissantes, une augmentation unitaire significative de l’emprise en mer, de sorte que les calculs ci-dessous sur l’emprise totale des centrales projetées demeurent pertinents.

L'organisation du déploiement français se ferait sur la zone méditerranée ouest (Golfe du Lion, de Marseille à Argelès), sur la côte atlantique (de St-Jean-de-Luz à St-Nazaire), sur la Bretagne et sur la Manche-Est/Mer du Nord.

L'hébergement de cette quantité d'éoliennes imposerait alors un trait de côte continûment occupé par des centrales de 40 à 60 km de long séparés par des chenaux d'accès en haute mer de 20 km de large.

Sur la base de 200 éoliennes par centrale (4 rangées de 50 éoliennes ou 5 rangées de 40 éoliennes), cela donnerait 6 centrales dans le golfe du Lion, 7 sur l'atlantique sud, 17 en Bretagne et 8 en Manche Est-Mer du Nord, soit un total de 38 centrales se partageant les 7600 éoliennes à 7,5MW, soit encore des rectangles de 40 km de cordon littoral x 4 km de profondeur avec une éolienne par hectare (une éolienne par carré de 333 mètres).

Si la côte est découpée (cas de la Bretagne), les centrales seraient de 40 km de couverture littorale ou moins.

Si la côte est droite (cas de la Gironde ou de la Mer du Nord) les centrales pourraient atteindre 60 km de couverture littorale.

Et la profondeur de la centrale pourrait dépasser 4 km dans le cas d'un plateau continental en pente douce.

Au près des côtes, à faible profondeur, on implante des éoliennes « posées au sol », il serait plus exact de dire forées et fixées au sol.

Sur des zones plus profondes (jusqu'à 100 mètres) on installe des éoliennes flottantes

( https://www.youtube.com/watch?v=8iYeaJxszAY) sur la base de quatre technologies-types :


- le projet Provence Grand Large (EDF Renouvelables, à 17 km en mer de Port-Saint-Louis-du-Rhône) : 3 éoliennes de 8 MW dont le système de flotteur et d'ancrage à câbles tendus développé par SBM Offshore et IFP Énergies nouvelles s'inspire des technologies déjà utilisées pour stabiliser les plates-formes pétrolières ;


-« WindFloat » : flotteurs dits « semi-submersibles » pouvant être réalisés en acier ou en béton, technologie issue de l'industrie du pétrole et du gaz composée de trois colonnes d'acier ancrées sur le fond, portée par l'américain Principle Power et sélectionnée par l'État de Californie pour la mise en œuvre d'une ferme de plus de 100 MW à 30 km au large de ses côtes ; elle travaille avec Engie sur le projet de ferme de Leucate dans le golfe du Lion ;


-« Spar » : utilisation d'un cylindre d'acier lesté qui joue le rôle de fondation ancrée ; développée par la compagnie pétrolière norvégienne Statoil, elle produit déjà de l'électricité au large des côtes écossaises à des profondeurs de 95 à 130 mètres ;


-« Free Floating » : barges réalisées en béton dans des formes spécifiques capables de résister aux pires houles avec des installations minimalistes, technologie portée par la start-up de La Ciotat Ideol, qui expérimente deux démonstrateurs, au large du Croisic en Bretagne et à Kitakyushu au nord du Japon où elle a essuyé 3 typhons sans broncher ; elle est envisagée pour le parc pilote EolMed en Occitanie.


L’impact visuel, avec toutes ses conséquences sur l’attractivité du littoral et sur le tourisme, est une dimension complètement ignorée des aménageurs, qui passent également sous silence l’impact sur les lieux de mémoire (ex, plages du débarquement).

En outre, les promesses d’éloignement maximal par rapport à la côte (éolien flottant) ne sont pas toujours tenues (exemple, au large de Groix).


Les centrales éoliennes en mer existant au 1er janvier 2020

Exemple de parc éolien offshore, comprenant 4 rangées de 20 éoliennes copyright Vattenfall


Ignorés des français, les grands parcs de la Mer du Nord produisent déjà des quantités substantielles d'électricité. Mais les dégâts sur le milieu marin sont massifs, selon les organisations de pêcheurs.

Le plus grand parc éolien du Royaume-Uni, pays ayant fait le choix d’investir massivement sur l'éolien en mer, est le London Array ; les 175 éoliennes de sa phase 1 créée en 2013, réparties sur une surface de 100 km2, fournissent une puissance de 630 MW.

Les puissances nominales des éoliennes vont croissant puisque General Electric a annoncé un prototype de 12 MW (https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/general-electrics-devoile-l-eolienne-en-mer-la-plus-puissante-du-monde-a-saint-nazaire-1563889293).

La turbine de l'Haliade-X de General Electric pèse 700 tonnes. Elle mesure 21 mètres de longueur et 10 mètres de hauteur. © Radio France – Clémentine

Éoliennes sur le Parc éolien de Thorntonbank (28 km des côtes belges en Mer du Nord). La partie émergée mesure 157 m de haut, soit 184 m au-dessus du fond marin ; le diamètre balayé est de 126 m, chaque pale mesurant 61,5 m; puissance de cinq MW par turbine « REpower ».


LES DOCUMENTS STRATEGIQUES DE FACADE (DSF)


Les Documents Stratégiques de Façade ont fait l’objet de plusieurs étapes officielles de concertation, au niveau national et sur la façade maritime. Du 26 janvier au 25 mars 2018, sous l’égide de garants désignés par la Commission nationale du débat public, le diagnostic initial a été partagé et des échanges engagés sur les objectifs stratégiques généraux.

Une démarche de consultation du public et des instances maritimes a été conduite du 4 mars au 4 juin 2019. Mais cette démarche a en réalité été infiniment discrète et les inquiétudes des pêcheurs et de leurs organisations, leurs demandes motivées écrites, tout cela a été soigneusement ignoré.

Les deux premières parties du DSF ont été adoptées par les préfets coordonnateurs de façade.

Les deux autres parties du DSF (plan d’action et dispositif de suivi) seront ensuite élaborées pour une adoption à l’horizon 2021.

Les DSF publiées fin 2019 définissent des zones homogènes du littoral favorables, selon leurs auteurs, à l'éolien.

Ces zones, répondent à des critères de faisabilité technico-économique et visent officiellement à limiter les effets d’un parc éolien en mer sur l’environnement et les activités socioéconomiques existantes. L’État y recherche une ou plusieurs zones « préférentielles » (voir Annexe 2) d’environ 300 km² chacune. Ces zones feront ensuite l’objet de « concertations » complémentaires, jusqu’à la détermination de l’emplacement exact des éoliennes, qui occuperont in fine une surface d’environ 100 à 150 km² pour un parc d’un gigawatt (GW) : une action de ce type est en cours en Manche Est.

Il apparaît à lecture de ces DSF qu’en réalité, l’objectif de préservation de l’environnement (milieu marin, couloirs de migration) et l’objectif économique (préserver des zones de pêche) cède systématiquement le pas au seul objectif réel de ces documents : développer coûte que coûte l’éolien maritime.

Ceci apparaît clairement au travers de la carte ci-dessous, qui décrit en quatre lots dont l’un occupant une part majeure d’un parc naturel marin, une vision de l’espace marin attribué à l’industrie éolienne, sans égard pour le milieu marin ni pour les activités de pêche (zones d’exclusion) :

Le document stratégique de façade (DSF) décline ainsi les orientations de la stratégie nationale pour la mer et le littoral au regard des enjeux économiques, sociaux et écologiques propres à chacune des façades (façades Manche Est-Mer du Nord, Nord Atlantique-Manche Ouest, Sud Atlantique et Méditerranée).

Il est élaboré, adopté et mis en œuvre par le préfet coordonnateur désigné pour chaque façade. Sous sa présidence, une commission administrative de façade assure l’élaboration et le suivi de la mise en œuvre du DSF.

Textes de référence avant DSF :

Principalement les articles L. 219-3 à L. 219-6-1, R. 219-1-7 à R. 219-1-14 (pour la métropole) et R. 219-1-15 à R. 219-1-28 (pour l’Outre-mer) du code de l’environnement.

Dernières évolutions de ces textes :

Décret n° 2017-1777 du 27 décembre 2017 portant diverses mesures relatives à la collectivité de Corse et aux services d’incendie et de secours ;

Décret n° 2017-724 du 3 mai 2017 intégrant la planification maritime et le plan d’action pour le milieu marin dans le document stratégique de façade ;

Loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages ;

Loi n° 2016-816 du 20 juin 2016 pour l’économie bleue ;

Décret n° 2016-308 du 17 mars 2016 relatif à la réutilisation des informations publiques et modifiant le code des relations entre le public et l’administration (dispositions réglementaires)


UN DÉBAT PUBLIC QUI S’INSCRIT DANS UN CADRE RÉGLEMENTAIRE NOUVEAU


Pour tirer profit du retour d’expérience des projets précédents et afin d’associer le public le plus en

amont possible des principales décisions, le débat public fait l’objet d’une nouvelle procédure, issue

de la loi pour un État au service d’une société de confiance (ESSOC) du 10 août 2018. En effet, pour les sept premiers parcs éoliens en mer, le public était consulté par le lauréat de l’appel d’offre, après sa désignation, sur une localisation et des caractéristiques définies, sans modification possible de la zone de projet. À l’inverse, ce débat public intervient avant que le lauréat ne soit désigné, à un moment où de nombreux choix restent à faire, en particulier celui de la localisation de la zone d’implantation.

En outre, ces décisions sont prise savant toute mesure non contestable des impacts sur le milieu marin cf. Annexe 3 (CR du colloque de Bruxelles au parlement européen le 22 janvier 2020).

C’est donc l’État qui porte le projet présenté en débat public et non un consortium d’entreprises.

En appui, figure le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (www.cerema.fr), établissement public tourné vers l’appui aux politiques publiques, placé sous la double tutelle du ministère de la transition écologique et solidaire et du ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales. Il réalise des études techniques pour le compte de l’État, des collectivités locales, et d’autres opérateurs.


LES CENTRALES EOLIENNES EN MER * LITTORAL FRANCAIS, SITUATION EN MEDITERRANEE :


Six à dix appels d'offre d'ici 2030 sur 1600 à 3000 km²

Sources :

Extrait du courrier du ministre de la transition écologique et solidaire aux préfets coordonnateurs de la façade Méditerranée daté du 15 décembre 2017 :

« En matière d’énergies renouvelables en mer, la façade est concernée par le développement de l’éolien en mer flottant. Ces énergies ont un rôle essentiel à jouer pour la transition énergétique nationale. En effet, la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables en mer, devra représenter une part importante du mix électrique.

Je souhaite que cette orientation forte se retrouve dans le document stratégique de façade et que la future carte des vocations identifie les zones permettant de lancer des appels d’offres pour l’éolien en mer. Je vous demande que la planification que vous allez faire, permettent de lancer d’ici 2030 entre 6 et 10 appels d’offres sur une superficie de 1800 à 3000 km2.

Cela ne préjuge pas de la future programmation pluriannuelle de l’énergie et des appels d’offres qui seraient finalement mis en œuvre, mais correspond à la volonté de préciser le potentiel et sa localisation, dans le cadre de la planification d’ensemble et de la concertation menée avec le public ainsi qu’ avec les acteurs pour y parvenir ».


SITUATION EN NORMANDIE :


Deux zones dites « favorables » :

Zone 3 : Côte d'Albâtre et ses ouverts : parcs du Tréport et de Fécamp

Zone 5 : Large baie de Seine : parcs éoliens flottants

L’éolien en mer posé* représente le plus fort potentiel de développement d’énergie renouvelable en milieu marin dans la décennie à venir.

Depuis 10 ans, la France a appuyé le développement de l’énergie éolienne en mer en lançant 3 procédures de mise en concurrence pour des parcs éoliens en mer posés en 2011, 2013 et 2016 totalisant 3,6 GW répartis dans 7 projets en Manche (Saint Brieuc, Courseulles-sur-Mer, Fécamp, Dieppe – Le Tréport et Dunkerque) et en Atlantique (Saint-Nazaire et Yeu – Noirmoutier).

Avec près de 640 km de linéaires côtiers parcourus de vents forts et réguliers, longés, par ailleurs, par le puissant courant du Raz Blanchard, la Normandie dispose d’atouts naturels pour contribuer au développement des énergies renouvelables en mer en France.

La Manche (mer) est une zone particulièrement favorable pour l’éolien posé pour des raisons techniques et économiques.

Le Cerema a cartographié en 2015, puis actualisé en 2018, le potentiel de l’éolien en mer en France métropolitaine, à partir de critères conditionnant la faisabilité technique et économique d’un parc éolien en mer, mais malheureusement sans prise en compte réelle des impacts environnementaux, ni économiques (activités de pêche, cf. Annexe 3 précitée).

Selon le ministère, la poursuite du développement de l’éolien en mer doit contribuer à l’atteinte de l’objectif de 40 % d’électricité renouvelable à l’horizon 2030, fixé par la loi de transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en 2015.

La France serait le deuxième gisement éolien (en mer) européen après les Iles Britanniques.

L’objectif du ministère est d’atteindre une capacité installée d’éolien en mer, posé et flottant, de 2,4 GW en 2023 et environ 5 GW en 2028. À titre de comparaison, la centrale nucléaire de Flamanville dispose d’une puissance installée de 2,6 GW, celle de Paluel de 5,2 GW.

Pour mémoire :

Le projet de PPE 2019-2028 prévoit de porter la capacité installée en renouvelables électriques tout confondu de 48,6 GW fin 2017 à 74 GW en 2023 et entre 102 et 113 GW en 2028.

En mai 2019, les régions Occitanie, Bretagne, Sud et Pays de la Loire demandent une programmation pluriannuelle de l'énergie plus ambitieuse afin officiellement de se donner les chances de faire émerger une filière industrielle française.

Le gouvernement s’est aligné, prévoyant d'ici 2024 des appels d'offres d'un total d'environ 1 GW : deux appels d'offres de 250 MW chacun en 2021 et 2022, à un tarif de 120 €/MW, puis de 250 à 500 MW en 2024 ; les régions littorales et les industriels réclament 6 GW, arguant que « la création d'une filière française ne sera possible que si la capacité de production garantit aux industriels un retour sur investissement ».

La région Occitanie mobilise, aux côtés du Grand Narbonne et du département de l'Aude, 230 millions d'euros dans l'extension du port de Port-la-Nouvelle, avec la création de digues et d'un quai, et la région Bretagne, consacre 220 millions d'euros à Brest pour créer un quai de 400 mètres de long et une digue en arc de cercle de 900 mètres.

Après 2025, il est prévu de poser 500 MW de parcs par an soit 25 centrales d'ici 2050.




Annexe 1 :

Présentation de WindEurope

WindEurope asbl / vzw

Rue Belliard 40, B-1040 Bruxelles, Belgique

Tél: +32 2 213 1811 / Fax: +32 2 213 1890

E-mail: info@windeurope.org e-mail info@windeurope.org

TVA: BE 0476 915 445

«L'éolien offshore dépend des cadres politiques et WindEurope est à Bruxelles, au cœur de l'Europe, en collaboration avec les décideurs pour des solutions qui fonctionnent.»

Ulrik Stridbaek, Chef de groupe, Affaires réglementaires, DONG Energy

L'éolien offshore est désormais un marché international comprenant 11 États membres de l'UE. La croissance devrait passer de 11 GW en 2015 à 23 GW en 2020, offrant un potentiel de marché important et à long terme en Europe. La réduction des coûts et le pipeline post-2020 sont deux défis qui nécessitent une industrie unie en Europe.

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WindEurope matérialise les idées développées en matière d'énergies renouvelable la Commission Européenne, propose des plans et les défend auprès du parlement européen.


Annexe 2


Annexe 3 :

CR colloque de Bruxelles au Parlement européen le 22 janvier 2020

1. le cadre du colloque :

Bruxelles, le 22 janvier 2020 au Parlement européen.

Mi-décembre 2019 il a été acté par le Parlement du lancement d’un rapport d’initiative sur l’impact de l’éolien en mer sur la pêche et sur l’environnement, sous présidence de P. Van Delen.

Les actes du colloque feront partie du rapport à produire vers le mois de juin, qui pourrait se compléter d’une étude.

2. en synthèse :

Il manque trop de connaissances scientifiques prouvées sur les impacts effectifs de l'éolien offshore au plan environnemental pour que l'on puisse accepter des prises de décision précipitées.

Les décisions déjà prises et les intentions émises par les pouvoirs publics et les opérateurs (*) vont à l'encontre des avis émis par les pêcheurs et les associations de protection de l'environnement ainsi qu'à l'encontre des demandes émises par les scientifiques.

C'est pourquoi, au nom du principe de précaution il est demandé un moratoire s'étendant sur un nombre d'années suffisant pour que ces connaissances soient enrichies et qu'il en soit retiré des décisions appropriées. Il faut agir dans l'ordre : d'abord terminer les études, ensuite seulement les décisions. Au nom du principe de précaution.

(*) Pouvoirs publics : en France, réf. à la PPE 2019-2028 et aux Documents Stratégiques de Façade (DSF, exemple DSF Méditerranée http://www.geolittoral.developpement-durable.gouv.fr/strategie-de-facade-maritime-mediterranee-a1086.html )

Opérateurs : G. Dickson, président de Wind Europe se disant mandaté par l'UE pour implanter (d'ici à 2050) 450 GW, dont 57 GW en France alors que même la PPE 2019-2028 de celle-ci se limite à 6,2 GW.

3. échanges d'informations au fil de l'eau :

Il manque de nombreuses connaissances au plan environnemental sur les impacts effectifs de l’éolien sur les fonds marins et les écosystèmes.

Ces impacts sont différents selon qu’il s’agit de fonds sablonneux, rocheux ou autres. Selon qu’il s’agit de zones d’alimentation, de reproduction ... en tous les cas pour toute reconstitution d’un patrimoine marin impacté il faut compter de 5 à 10 ans minimum.

A chaque environnement (nature des fonds, des courants ...) doivent correspondre des solutions spécifiques y compris palliatives.

Les études menées à ce jour n’ont pas été exhaustives, ainsi n’en existe-t-il aucune sur les invertébrés sans intérêt commercial direct qui cependant constituent un maillon essentiel de la chaîne alimentaire.

Sur de tels projets, la phase la plus impactante semble celle de l’implantation : cependant, la phase préalable a déjà de gros impacts comme on le mesure au Tréport.

Les opérateurs rechignent à se faire imposer quelques solutions techniques élémentaires amoindrissant les impacts telles que : renoncer au battage de pieux (effets dévastateurs sur les vessies natatoires de certaines espèces), renoncer aux anodes sacrificielles, ou implanter des rideaux de bulles.

Tout donne à penser que, sur un site éolien en exploitation, il se crée un mélange des strates d’eau marine et donc une nouvelle distribution des nutriments, de nouveaux habitats et un avantage donné à des espèces opportunistes.

Dans les centrales éoliennes offshore, seule la pêche pélagique est permise, dans des conditions variables, et elle ne concerne pas les mêmes espèces que celles concernées par le chalutage. Quant à l’effet récif avancé par les opérateurs, il n’est pas toujours vérifié. Par contre, la constante toujours vérifiée, c’est une raréfaction grave de la ressource autour des sites éoliens et une baisse drastique des flottes de pêche cf. exemple de Ramsgate (UK).

La mer n’est pas, en dépit des apparences, un espace vide où l’on pourrait tout faire. Ainsi, la reproduction des espèces se fait en des endroits précis qui renvoient à des conditions naturelles que l’on ne pourra pas recréer artificiellement : quand une espèce a disparu, c’est pour longtemps. Les pêcheurs, eux, savent gérer les temps de pause.

Il faudrait aussi apprendre à tenir compte des effets cumulés, vue la densité attendue par les pouvoirs publics ou par les opérateurs.

Les débats dans le cadre des conseils maritimes de façade ont été jugés par de nombreux participants comme étant tout au plus un moyen pour les politiques de gagner du temps et, au bout du compte, de passer en force.

Sur l'éolien flottant :

On manque de recul au plan environnemental, l'on sait cependant qu'il crée de vastes zones d'exclusion de pêche, et l'on ne peut que s'étonner de la volonté des pouvoirs publics en France de lancer (2021-2022) des appels d'offres commerciaux sans attendre le moindre retour d'expérience des fermes pilotes en cours de lancement dans le Golfe du Lion.

Si on combine les facteurs négatifs connus et répertoriés, on en a pour un bout de temps avant que leurs effets soient annulés, au moins 5 à 10 ans après le démantèlement, en admettant que celui-ci ait lieu.

Les parcs éoliens en mer ont un impact négatif sur le bon état écologique de l’océan, or ce dernier est nécessaire à la lutte contre le réchauffement climatique et à des ressources halieutiques saines : l'enjeu est donc aussi celui de la qualité de l'alimentation humaine (ex : les émissions de cadmium liées aux anodes sacrificielles).

Il faut donc se réveiller et arrêter de décider pour décider : la priorité est de protéger les écosystèmes et donc de documenter au plan environnemental.

Le seul point malheureusement déjà documenté au vu de l'expérience, c'est l'ingérence de l'éolien offshore dans l'espace économique et la diminution de la ressource. A quoi s'ajoute le constat que même les solutions techniques amoindrissantes (ex, les rideaux de bulles) sont insuffisantes.

Question complémentaire: faut-il vraiment maintenir les subventions à cette industrie qui se présente comme mature ?

Conclusion par le Président Van Dalen : La discussion d’aujourd’hui est le lancement d'un processus. Ma conclusion est que nous avons beaucoup de travail devant nous.

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