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L'édifiant modèle économique de l’éolien terrestre...


Les nouveaux acteurs :


La financiarisation de l’éolien a provoqué un effet d’aubaine et l’arrivée d’une horde de nouveaux acteurs privés hétéroclites. On en a dénombré plus de 110 au 1er janvier 2019 mais sont probablement plus nombreux et leur population change tous les jours.


Ayant flairé la bonne affaire sur un territoire, ils travaillent en meute. Pour reprendre l’exemple dans nos 28 cantons de Nouvelle Aquitaine, on y a dénombré pas moins de 50 entités pour 859 mW raccordés. Cela en dit long sur l’attractivité de ce marché !


En principe, la loi française impose désormais aux sociétés d’identifier leurs bénéficiaires économiques effectifs.

Mais après son autorisation, un site fait souvent l’objet de multiples achats-reventes ; il est fréquent qu’un site soit revendu plusieurs fois ou que ses revenus soient « démembrés » (dividendes, contrat d’entretien…) et répartis entre entités différentes toutes étrangères et intraçables.

Les « bénéficiaires économiques effectifs » sont alors strictement impossibles à identifier et en tout état de cause, inatteignables, la plupart de ces acteurs étant souvent gérés à partir de paradis fiscaux. C’est paradoxal s’agissant d’un marché soutenu à bout de bras par le contribuable français.


Les sociétés d’exploitation éoliennes :


Le chiffre d’affaires de l’électricité éolienne se répartit entre les sociétés propriétaires des sites de production ; il y a une société par site, la « cellule de base », érigée en entité juridique autonome, qui dépose les demandes d’autorisation administratives.


Au 1er janvier 2019, on a identifié 1.385 sociétés. Elles sont toutes structurées en société par actions simplifiée et souvent à associé unique (SASU). Une SAS, permet en effet d’avoir un capital social ridiculement faible au regard de l’ampleur du montant d’investissement qu’elles portent (capital de 100€ à 37.000€…).

Ces 1.385 sociétés se répartissent 15.451 mW de puissance raccordée au 1er janvier 2019 (11,156 mW/ entité) et chacune comprend en moyenne 5,57 éoliennes (moins de 6 donc…) d’une puissance moyenne de 2,003 mW.

L’immense majorité de ces sites (90,25%) ont une puissance inférieure à 18 mW ; il en est de même pour toutes les nouvelles demandes, assurant ainsi au pétitionnaire de bénéficier d’un tarif minimum de rachat de 72 €/MWh sur 15 ans. Pour les sites raccordés avant le 31/12/2016, le tarif se montait à 82 €…


En termes de suivi d’impact sur l’environnement :

- Que vaut l’engagement à long terme (15 ans minimum) que prend un pétitionnaire, si celui- ci change 3 ou 4 fois d’actionnaires et si on est incapable d’identifier le bénéficiaire effectif ?

- Quelle substance peut-on attacher à une autorisation préfectorale, visant de tels engagements ?

- Que restera quelques années après raccordement, pour garantir ces engagements ? (Assurément pas le capital social des sociétés d’exploitation éolienne : entre 100 € et 37.000€ ni les très insuffisants 50.000 € de provision règlementaire exigées pour démonter une éolienne et remettre le site en état.


Le modèle économique éolien comme conséquence des décisions du Politique :

Depuis plus de 15 ans, le Politique a concédé à l’Éolien, deux privilèges exorbitants au regard des lois communes du marché :

- Quand l’Éolien produit de l’électricité, EDF est obligé de la racheter quel que soit le moment où elle est arrive.

- L’Éolien bénéficie d’un tarif garanti de rachat pendant une durée extraordinairement longue (15 ans), durée d’ailleurs éventuellement extensible de 10 ans supplémentaires.


En revanche, l’État ignore, ou feint d’ignorer sous la pression du lobby de l’Éolien, les lois du marché, s’agissant des trois éléments constitutifs essentiels pour la formation du prix de revient de cette électricité :

- La baisse continue du coût des éoliennes ; ramené en €/MW, ce coût est passé de 1,08m€/MW (en 2008) à 0,725 m€/ MW, 10 ans plus tard ; ce n’est pas étonnant s’agissant d’un produit technologique soumis à forte concurrence internationale dans un marché actif.

- La baisse continue des frais d’entretien ; elle est difficile à mesurer ; elle est réelle : Les matériels sont de plus en plus fiables, les apprentissages de plus en plus courts et la numérisation croissante accélère les télé-interventions.

- L’effondrement durable des taux d’intérêts à long terme ; le principal taux directeur dans ce domaine (les OAT 10 ans du Trésor sont passés de 4,23 % en 2008 à 0,78% en 2018).

Un prix de vente garanti pendant 15 ans, quelles que soient les conditions de la production, et, dans le même temps, un prix de revient continument en baisse, c’est le bonheur absolu pour n’importe quel commerçant, fût-il le dernier des Béotiens !


Voilà pourquoi un acteur éolien moyen qui risque 37 k€ de capital, percevra un dividende cumulé sur 15 ans, compris entre 431 k€ à 2.170 k€ (à supposer qu’il paie son IS à taux plein en France…).


Payer des impôts en France ?


Rien n’est moins sûr. Avec cette situation, des trésors d’ingéniosité dans les montages juridiques, dans les organisations industrielles et dans les optimisations fiscales, ont été déployés par l’Eolien et on cherchera alors vainement dans cette population, ce « héros fiscal » qui paierait en France soit son IS, soit ses plus-values et qui marquerait ainsi, vis-à-vis de la Collectivité Nationale, la gratitude qu’on serait en droit d’attendre.


Hélas, ce héros fiscal n’existe pas et quand la veuve de Carpentras remplit le réservoir de sa voiture, elle ne se doute évidemment pas qu’elle subventionne la retraite servie par un fonds de pension de l’autre côté de la planète…

Comment alors la convaincre sérieusement que la lutte contre le réchauffement climatique commence par-là ?


La Nouvelle Aquitaine, à titre d’exemple


La presse a récemment publié le « ras-le-bol » du Président de l’Assemblée des Départements, également, Président du Département de Charente-Maritime. Devant l’invasion éolienne que subit son département, il réclame un moratoire.

Si on se promène dans les territoires de l’arrière-pays de Charente Maritime, du Sud Vienne, du Nord Charente et des Deux Sèvres, on comprendra qu’il s’y est passé quelque chose : site éolien après site éolien, au cours des 5 dernières années, ces territoires ont subi une modification progressive, sensible et maintenant irrémédiable.

Intéressons-nous à l’implantation des sites éoliens de ces quatre départements limitrophes (16,17, 79 et 86) :

RTE explique avec fierté que la Nouvelle Aquitaine connaît la plus forte progression du développement éolien (+27,1% en 2017).


Mais, c’est en fait dans 4 départements et plus précisément dans 28 cantons sur leurs 82 cantons, que se concentre la quasi-totalité des sites éoliens de Nouvelle Aquitaine. Sur ces 28 cantons, les éoliennes raccordées au réseau représentent 859 mW de puissance installée sur les 949 mW de la Nouvelle Aquitaine, 90% des sites éoliens de cette région administrative …

Ces 28 cantons martyrs atteignent une densité d’équipements de 62,05 kW/km², à comparer à 27,4 kW/km² (moyenne nationale) et 11,28 kW/km² pour la Nouvelle Aquitaine ; cela en fait avec d’autres territoires martyrs des Hauts de France et du Grand Est, les champions français toutes catégories en termes de densité de sites installés !


Contrairement aux préconisations de la règlementation, les effets cumulés de la multiplicité de ces projets sur un même territoire, tant sur les paysages, que sur l’activité socioéconomique (tourisme, effondrement de la valeur immobilière, santé des populations…), que sur l’environnement (biodiversité et effet barrière des migrations…) sont systématiquement ignorés dans les études d’impact individuelles présentées par le pétitionnaire d’un nouveau projet et systématiquement ignorés par l’Autorité Administrative alors même qu’elle est sensée apprécier la portée réelle de l’impact du- dit projet. Ces effets de cumul, pourtant synergiques et aggravants, sont fondamentaux pour le bien-être des populations concernées et néanmoins systématiquement passés sous silence.


Mais pourquoi donc la région a-t-elle jeté en pâture ces territoires (16% de sa surface, 11% de sa population) à ces opérateurs qui se sont abattus sur ces malheureux cantons ?

Est-ce à dire qu’ils recèlent un fabuleux « gisement » éolien (pour reprendre le verbiage des thuriféraires de l’éolien) ?

- Même pas ! Le facteur de « charge » éolien y est plus faible que la moyenne nationale : 17,4% en 2017 à comparer à 20,3% et 20,7% en 2018 à comparer à 21,1% et les 28 cantons n’ont pas de trésor éolien caché.

Est-ce à dire que la consommation locale de la Nouvelle Aquitaine est tellement mal couverte, qu’il faille y favoriser de nouveaux équipements de production d’énergie ?

- Même pas ! La production « régionale » y est très largement excédentaire, grâce à ses deux sites nucléaires : 54,3 TWh produits en 2017 pour 39,5 TWh consommés (données RTE) ! Cette bizarrerie géographique oblige d’ailleurs, ENEDIS et RTE, à de coûteux investissements à la charge de la collectivité nationale pour évacuer ces surplus, impactant un peu plus, si besoin était, l’environnement de ces territoires sinistrés.


Par quel mystère donc, les éoliennes s’implantentelles là le vent souffle moins qu’ailleurs, et là où on consomme moins d’électricité qu’ailleurs ?

Cette situation ubuesque est la simple conséquence d’une politique nationale qui décidé de favoriser largement la financiarisation à outrance de ces moyens de production d’électricité.

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