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32% d’EnR en 2030 : un objectif inaccessible !

Le gouvernement s'est enfermé dans une disposition de la LTE de 2015 où Ségolène Royal avait imposé un objectif de 32% non pas d'énergies décarbonées mais d'EnR dans la conso totale d'énergies finales.

Pour être plus précis : porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d'énergie en 2020 et à 32 % de cette consommation en 2030 ; à cette date, pour parvenir à cet objectif, les énergies renouvelables doivent représenter 40 % de la production d'électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz.


C'est là un exercice impossible, a fortiori compte tenu de la décomposition de cet objectif entre électricité, chaleur, carburant et gaz.


En effet, la consommation finale totale 2018 est de 154 Mtep soit 1790 TWh : 32% signifie alors 570 TWh.

A s'en tenir à l'effort de réduction de la conso très limité inscrit dans le projet de PPE (seulement -14% en 2028 par rapport à 2012, dont le chiffrage a été discrètement modifié par le gouvernement dans son projet de PPE 2019-2028), cela nous mènerait à devoir produire 490 TWh d'EnR vers 2028-2030.


Un exercice fictif montre que c'est impossible :


1. hydrauliques : 69 TWh en 2018. Un effort soutenu y compris en micro-hydraulique - idée plus intelligente que de détruire les chaussées et les moulins de nos rivières - pourrait mener à 80 TWh au grand maximum.


2. éolien terrestre : 28 TWh en 2018. En admettant un moratoire mais en tenant compte des accords préfectoraux purgés de tout recours, cela nous mènerait au grand maximum à 35 TWh.

3. éolien flottant (pas offshore mais flottant) : 0 TWh en 2018. Un capacitaire éventuel de 6 GW mènerait à 20 TWh.


4. PV au sol : 10 TWh en 2018. Le capacitaire envisagé par le gouvernement (mais à quel prix pour nos sols ...) mènerait à 40 TWh.


5. bio-énergies : 10 TWh en 2018. Il serait possible en investissant fortement dans le bois-énergie (mais sans surexploiter la forêt ...) de monter à 30 TWh.


Total envisageable 205 TWh : loin de l’objectif de 490 TWh.

Bien sûr il faudrait ajouter le petit solaire, la géothermie individuelle avec pompe à chaleur, la méthanisation ... Mais cela ne comblera pas le différentiel de 285 TWh ... L'on comprend mieux alors pourquoi le gouvernement veut ajouter 10 GW complémentaires en éolien terrestre pour produire 20 à 25 TWh de plus : mais même cela, çà ne comblerait pas tellement plus le différentiel.

Le dernier moyen d'atteindre un tel objectif serait la chaleur et donc les réseaux de chaleur à partir de renouvelables : le projet de PPE en fait apparaître 70 TWh nouveaux, à base principalement de biomasse (plus du solaire et un peu de géothermie, notons que le projet de PPE n’évoque pas le potentiel de thalassothermie).


L’on ne peut qu’émettre des doutes sur la capacité technique de produire autant de chaleur par la biomasse dans des conditions techniques et environnementales convenables, a fortiori dans un contexte de rejet croissant par les riverains de solutions qui portent des nuisances. De toutes les façons cela ne suffirait pas à combler le différentiel manquant qui demeurerait de l'ordre de 200 TWh.

... dont on peut déduire qu'en fin de compte le problème est double :


1. ce taux de 32% aurait dû avoir comme numérateur les énergies décarbonées et non pas les EnR, ce qui eut été conforme aux engagements pris par la France.


2. ce taux de 32% ne peut pas être atteint, et ceci explique pourquoi le gouvernement se refuse à présenter dans son projet de PPE un bilan énergétique complet.

Un bilan énergétique complet çà peut se présenter comme suit :

Pour atteindre les 490 TWh t il faudrait donc couvrir la France et ses rivages d'éoliennes géantes et de PV au sol encore 3 fois plus fort que ce que prévoit le projet de PPE : impensable évidemment.

=> le projet de PPE ne peut pas atteindre son objectif affiché, il est insincère.

Reste, pour mémoire, une ultime hypothèse, qui ne pourrait pas à elle seule couvrir le solde du différentiel : un renforcement des gaz renouvelables viendrait peu à peu se substituer au gaz naturel dans le chauffage et dans les transports. Sauf que ces gaz renouvelables il faut bien les produire à base d'électricité (qu'il s'agisse d'électrolyse de l'eau menant à fabrication d'hydrogène, ou d'extraction massive de CO2 de l'air suivie d'une méthanation menant à fabriquer du méthane), et c'est là que le nœud gordien se resserrerait un peu plus.


Bruno Ladsous pour Énergie Vérité

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